Petits essais en forme de notules

Malraux définit le lecteur par vocation comme celui qui jouit de «la faculté d'éprouver comme présents les chefs-d'oeuvre du passé»...



Je souscris à cette définition et m'attacherai à présenter ici quelques réflexions au fil de mes lectures qui suivent rarement l'actualité littéraire, pour le plaisir de partager découvertes ou, éventuellement, récriminations... . Quoique, la vie étant bien courte, il vaut mieux, dans la mesure du possible, écarter le désagréable lorsque cela, comme il arrive trop rarement, est en notre pouvoir et vouloir.






vendredi 25 janvier 2013

Photo de la semaine (40) : froid infernal!

Oui, je sais : il s'agit là d'un oxymore, mais je vous assure que cette figure de style est on ne peut plus appropriée!

Jugez-en vous-mêmes :


La glace et le frimas que vous voyez sont à l'INTÉRIEUR de la fenêtre...

Ce n'est pas que ma maison soit vieille et décrépite! Pensez donc : elle a le même âge que moi! Le froid extrême que nous avons connu cette semaine -dépassant les -30 quelques nuits d'affilée et rarement les -20 le jour depuis mercredi- a produit ce résultat.

Or, cette petite fenêtre est très exactement à la hauteur de ma tête lorsque je vous écris.



Vous me pardonnerez donc  de vous avoir fait un peu languir pour mon second billet sur l'impressionnisme, histoire de ne pas attraper une névralgie malvenue, le port intérieur de la tuque ne me convenant guère. Déjà que le grand chien a mis mes doigts en péril en réclamant, malgré la Sibérie au-dehors, sa promenade avec le résultat que je suis rentrée, à quelques reprises, avec cette reviviscence  d'une expérience enfantine oubliée : lorsqu'on patinait un bon moment sur la patinoire extérieure entretenue par mon père dans le jardin, il arrivait que l'on ait les pieds gelés en rentrant, sensation que l'on avait écartée pendant le jeu, pris par les buts à compter au hockey! Il fallait alors retirer patins et chaussettes et, pour diminuer l'impression d'avoir les pieds transpercés par mille et une petites aiguilles les plonger dans l'eau froide. 

La température ayant commencé à remonter lentement, j'espère pouvoir sortir un peu de ce «narcissisme domestique» dont j'ai abusé en ce début d'année 2013, mais c'est à mon corps défendant, vous le comprendrez, car, j'ai bien eu envie de vous montrer la rivière fumante au petit matin, mais, je ne savais pas qui, de mon doigt ou du déclencheur de l'appareil photo, aurait gelé en premier, et comme je suis finalement plus littéraire que scientifique, je me suis dit que je laisserais cette expérience à d'autres...



dimanche 20 janvier 2013

Il était une fois l'impressionnisme (1)




À l'heure où j'écris ces lignes, la collection impressionniste des époux Clark s'apprête à quitter Montréal pour continuer ses pérégrinations en attendant que les cimaises de l'institut qui l'accueille généralement puissent la recevoir de nouveau.

Contrairement à mon habitude, je vais vous présenter à chaud quelques toiles photographiées ce vendredi, car je m'aperçois que, lorsque je veux approfondir et faire quelques recherches, pente naturelle liée à ma profession, je manque de temps et je finis par reléguer mon billet aux oubliettes. Soyez donc clémentes et que les expertes comme Tilia et Nathanaëlle fassent preuve de quelque indulgence : je ne suis pas certaine que mes admirations de béotienne leur apprennent grand'chose.

Fi des tergiversations : je me lance!

Première salle

Cette première salle était tout entière consacrée au paysage et à la nature morte, genres longtemps considérés comme mineurs, en pleine expansion dans la seconde moitié du XIXe siècle. Je n'ai pas de clichés de cette salle qui était, au demeurant, assez sombre, car ne voulant ni gêner ni être gênée, je me suis rapidement dirigée vers la seconde.  J'avais toutefois retenu quelque chose de ma visite de la semaine dernière : peut-être est-ce un fait que vous connaissez très bien, mais j'avoue que cela m'a touchée et que je me suis dit que j'en parlerais à mes étudiants qui sont souvent d'assez fervents défenseurs de la préservation de la nature : les peintres de l'École de Barbizon et, tout particulièrement, Théodore Rousseau, sont à l'origine de la préservation d'une section de la forêt de Fontainebleau s'étendant sur 1 097 hectares, constituée en réserve artistique.  Cela m'a rappelé l'action de l'illustratrice Beatrix Potter qui, à sa mort, légua plus de seize kilomètres carrées de terre au National Trust d’Angleterre afin que les paysages et les fermes qu'ils abritaient soient conservés.

À défaut de vous présenter mes photos de cette salle, voici la toile de Rousseau qui inaugurait l'exposition : La ferme des landes- la maison du garde (1844-1867).


Cette illustration est empruntée à la Berkshire review qui a consacré un article à cette toile au moment de son entrée dans la collection du Clark Institute en 2010.


Seconde salle : 

Pissarro, Monet et Renoir se côtoyaient dans cette salle. D'ailleurs, Renoir avait un rôle privilégié dans l'exposition, non seulement par le grand nombre de ses peintures, mais aussi par toutes les citations émaillant le parcours qui étaient toutes de sa plume.  De lui, j'ai retenu ce Coucher de soleil qui date de 1879 ou de 1881, on ne sait pas exactement. 




Le carton explicatif indiquait qu'on la rapprochait parfois d'Impression, soleil levant (1874) de Monet qui est à l'origine de l'appellation du mouvement. Ce qui m'a surtout retenue ici, c'est la touche  de Renoir dont l'extrême diversité m'avait frappée lors d'une importante rétrospective présentée en 2007 au Musée national des Beaux-Arts à Ottawa. De Renoir, je connaissais jusque-là ce que tout le monde connaît. Le détail ci-dessous d'une toile de la collection permanente du Musée de la capitale nationale est ce que l'on associe souvent à ce peintre : 


La touche assez léchée n'a plus aucune texture. C'est une toile assez tardive de Renoir (1902-1903) montrant son fils Claude dans les bras de sa nourrice, Renée Jolivet.  Cette oeuvre est d'ailleurs intitulée : Claude et Renée. J'avoue n'avoir pas beaucoup d'intérêt pour cette oeuvre et préféré nettement celle-ci : 

Cette toile s'intitule Près du lac et date de 1880.


qui est bien antérieure.

Mais je m'égare, car ces deux dernières oeuvres n'étaient pas présentes dans l'exposition dont je suis en train de vous parler.

L'heure avançant et les obligations domestiques se faisant plus pressantes -entendre grand chien faisant du chantage nezmotif, collie oblige, pour avoir sa promenade que je ne veux pas faire à cause du froid de canard- je vais vous laisser pour aujourd'hui sur cette toile de Monet que j'ai beaucoup aimée et qui met en scène non pas les colverts d'Aloïs, mais des oies : 

Les oies dans le ruisseau, 1874





C'est ici tout autant la luminosité de l'oeuvre dont les couleurs ne semblent pas avoir été ternies que la variété de la touche qui m'ont retenue. Voici ce que précisait le premier paragraphe du petit carton explicatif : «Le début des années 1870 constitue une période cruciale dans l'évolution artistique de Monet. Sa palette s'éclaircit et il peint de plus en plus souvent en petites touches répétées afin de saisir les effets de la lumière dans l'air, dans le feuillage qui bruisse ou sur l'eau qui ondoie. L'artiste utilise en général le format paysage -horizontal. Ici, contrairement à son habitude, il utilise ce rare format portrait.»

Je vous laisse avant que la direction de la protection des animaux n'intervienne, car je laisse mon grand chien aboyer depuis tantôt.  Il faut dire qu'elle n'est guère patiente!

Rendez-vous mardi en fin de journée si je ne meurs pas congelée d'ici là...